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Présidentielles au Libéria : l’après Sirleaf, une élection à l’épreuve de la démocratie

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Morovia Direct – Ellen Johnson Sirleaf, première femme élue au suffrage universel en Afrique et prix nobel de la paix 2011 va bientôt céder sa place. Après deux mandats successifs de six ans, celle qui se fait appeler “ Dame de Fer” pour sa droiture et son engagement politique d’opposante laisse un pays pacifié, qui renaît de ses cendres après quatorze années de guerre civile sanglante et meurtrière. La course à sa succession oppose l’ancien Ballon d’Or France Football Georges Weah et l’actuel vice-président du Libéria Joseph Boakai tous deux favoris parmi les 20 candidats en lice et arrivés en tête du premier tour avec respectivement 39% et 29% des voix. Le second tour qui aura lieu le 7 novembre prochain permettra donc au Libéria de tourner définitivement la page des années Sirleaf.

Une élection à l’épreuve de la démocratie

Ils étaient quelques 2,2 millions de Libériens en âge de voter sur une population totale de 4,6 millions à se rendre aux urnes le mardi 10 octobre pour élire leur futur président parmi les 20 candidats en lice. Organisé pour la première fois par les autorités libériennes sans aucune aide des Nations unies, ce scrutin est un véritable test pour la démocratie dans ce pays où 60 % de la population vit encore sous le seuil de la pauvreté.

Le vote qui s’est déroulé dans le calme à donner la possibilité à plusieurs bureaux de vote de rester ouverts plus tard que prévu pour permettre aux électeurs arrivés avant l’heure officielle de clôture de mettre leur bulletin dans l’urne. Après un premier tour, deux candidats encore en lice : la légende du football Georges Weah et le vice-président Joseph Boakai. Un rendez-vous historique avec pour la première fois depuis le début de la guerre civile une passation de pouvoir d’un président élu à un autre.

Un duel prometteur ou rien n’est encore gagné.

La commission électorale libérienne a réfréné l’excès de zèle de ses partisans qui ont fait de George Weah dès le premier tour, le président élu du Libéria. A l’annonce officielle des résultats du scrutin du 10 octobre dernier, le footballeur à la retraite est passé en tête des 19 autres candidats avec 39% des voix des 2,2 millions d’électeurs. Insuffisant pour le remporter dès le premier tour mais il valide son ticket pour le second tour du 7 novembre prochain devant Joseph Boakai, le vice-président qui le suit avec un score de 29%. Un duel aux allures de finale pour le seul Africain à avoir remporté un Ballon d’or.

Ce second tour, c’est d’abord une revanche sur l’Histoire pour George Weah. Pour sa première entrée en lice en politique, sur fonds d’accusations de fraudes et de bourrage d’urnes, George Weah s’incline au second tour en novembre 2005 face à Ellen Johnson. Pourtant au premier tour, la légende footballistique avait damé le pion à l’économiste chevronnée qui le critiquait sur son expérience en politique. Six ans plus tard, il perd également la présidentielle de 2011.

À 51 ans, il reste le Libérien le plus connu à l’étranger, quinze ans après avoir raccroché les crampons. Outre une carrière mémorable comme attaquant du PSG et du Milan AC, c’est le seul Africain à avoir remporté jusqu’aujourd’hui le Ballon d’or en 1995. Engagé en politique depuis 2003, il a fondé son propre parti politique en 2004 et est élu sénateur en 2014 face à un fils d’Ellen Johnson Sirleaf.

Pour le candidat du Congrès pour le changement démocratique (CDC), ce second tour sonne donc comme un remake face à Joseph Boakai, le candidat du parti de l’Unité (UP), la formation présidentielle. A 72 ans, ce dernier qui se présente comme “le grenier du blé du pays” et qui hérite de l’appareil d’Etat d’Ellen Johnson devra aussi se faire le comptable du bilan de la première femme chef d’Etat en Afrique.
Une présidentielle pour consolider les acquis

Le défi de la stabilité et du développement au Libéria est l’une des grandes missions dont fera face le prochain président du Libéria. Après 14 ans de guerre civile, l’économie libérienne peine toujours à se stabiliser à cause de l’épidémie d’Ebola qui a affecté le pays entre 2014 et 2016. Par ailleurs, les forces de défense manquent de moyen, le système sanitaire demeure fragile et les efforts restent à fournir en matière de lutte contre la corruption. Cependant, pour redresser économiquement ce pays, chacun des candidats a déjà une stratégie : le développement des routes pour Joseph Boakai, l’éducation et la formation professionnelle pour Georges Weah.